Diplomacy Machiavelli Diadoques Sengoku Jeux diplomatiques et Wargames : des jeux par e-mail

[Retour à la page précédente] [Sommaire]

Alors que de nombreux renseignements sont connus sur les armes et les armées sur 11^ème siècle, il n’en va pas de même pour certaines informations qui restent hypothétiques. La tapisserie de Bayeux, cette superbe source de renseignements couvrant presque le siècle en entier (elle fut probablement tissée de 40 à 60 ans après l’événement) est grandement stylisée, à un tel point qu’il est difficile de déterminer si tels ou tels articles vestimentaires ou d’armures sont réels ou simplement dus à un penchant de l’artiste. Quoi qu’il en soit, quelques généralisations décisives peuvent être faites à propos de l’organisation des forces en présence.

LES ANGLO-SAXONS.

L’armée d’Harold était, en théorie, divisée en trois armes principales. A la bataille d’Hastings, cette division reste obscure, car le rassemblement rapide des forces pour la soudaine marche vers le sud fit que l’armée d’Harold à Hastings était certainement très différente de celle qui avait écrasé Harald Hardraada et Tostig Godwineson à Stamford Bridge. Par exemple, les levées du sud (pour la plupart du Sussex) qui se battirent à Hastings, comprenaient peu d’archers alors que celles des Midlands de l’Est en fournirent plus à Stamford Bridge.

Le cœur de l’armée saxonne était les Housecarles, un corps de quelques 3000 soldats professionnels, levés à l’origine en 1018 par le Roi Cnut (le Roi Danois qui gouvernait l’Angleterre à cette époque). Les Housecarles étaient considérés, à juste titre, comme la fleur des troupes de combat de toute l’Europe. Ils étaient entraînés et disciplinés d’une façon bien meilleure que les troupes normandes. Bien que montés pour effectuer des déplacements rapides, ils combattaient toujours à pieds.

Le Housecarle de base portait le casque conique standard en métal avec une avancée devant le nez pour protéger la figure et parfois une retombée sur le cou pour se protéger des coups portés par derrière. Il portait également un haubert (un manteau lui arrivant aux genoux et comportant de courtes manches), en général fait de mailles légères et nécessitant un sous-vêtement afin d’éviter l’irritation. L’armure de protection résultant de ce vêtement était assez lourde et fatigante à porter, mais elle fournissait une protection assez bonne (mais rien de comparable avec les armures des âges plus anciens). En protection des membres et des pieds, le Housecarle, en général, utilisait du tissu rembourré tenu avec des cordes. L’utilisation de jambières en cotes de mailles n’était pas fréquente et n’aurait certainement pas été très confortable au cours de la marche rapide de Stamford à Hastings. Comme protection supplémentaire, le Housecarle portait un grand bouclier en forme de cerf-volant en bois et recouvert de cuir résistant, souvent cerclé de bandes de métal. Le bouclier avait un trou au milieu pour laisser la place à la main qui le portait, le trou étant couvert à l'extérieur par une bosse en métal qui servait de poing d’acier lorsque le bouclier était balancé pour frapper l’ennemi. De plus, le bouclier pouvait être soit porté devant le corps, soit porté sur le dos avec des lanières de cuir.

Pour attaquer, les Housecarles avaient, en général, une épée droite à double tranchant d’environ 3 pieds de long qu’ils portaient sur le côté ou bien un javelot pour frapper ou pour lancer. Quelques-uns uns portaient une " seax ", une petite dague-épée comportant un bord tranchant qui ressemblait à une machette miniature. L’arme favorite des Housecarles, toutefois, était la hache de guerre à deux mains de 3 à 4 pieds de long avec un large bord tranchant. Lorsqu’elle était balancée de la gauche vers la droite (afin d’avoir l’avantage du fait que la plupart des adversaires portaient leurs boucliers à gauche ce qui laissait leur flanc droit relativement non protégé), la potée de cette arme permettait des attaques meurtrières dans les rangs des fantassins et des cavaliers normands.

Les Fyrds saxons, qui formaient le corps principal des Saxons, étaient composés de deus types différents, les " Select Fyrds " d’hommes libres et de propriétaires terriens qui devaient un service militaire à la couronne et les " Great Fyrds " composés de paysans, de gens de la ville et de fermiers qui servaient à cause de leurs obligations envers leur baron. Les hommes d’armes des Select Fyrds étaient des fantassins bien que quelques-uns uns fussent à cheval. Ils étaient plutôt bien armés mais leur équipement variait selon les individus car il n’existait pas d’uniforme ou d’équipement standard. Le casque typique du Select Fyrd était de forme identique à celui du Housecarle et comprenait probablement du cuir renforcé par des bandes de métal. Son armure était une variété de corset tissé d’anneaux. Son bouclier était petit et rond, mais construit comme celui du Housecarles. Ses principales armes comprenaient l’épée droite à double tranchant et un javelot d’environ 7 pieds de long. Ses lances étaient montées avec une grande variété de lames allant de celle en forme de feuille jusqu’à celle très découpée. De petites dagues étaient souvent portées au combat.

Les Great Fyrds n’étaient pas si bien équipés et leur armement variant beaucoup. Quelques historiens pensent qu’ils n’étaient que de la racaille, mais au moins à Hastings et à Stamford Bridge, ils paraissent avoir eu un minimum d’entraînement et un peu de discipline. Ils portaient parfois une armure légère, une coiffe pendante et un court manteau de cuir. Ils avaient un bouclier en bois. Quelques-uns uns avaient des épées et des javelots mais beaucoup utilisaient des frondes, des faux, des massues et même des fourches. Les Great Fyrds formaient un curieux mélange, efficace surtout par leur nombre.

LES NORMANDS.

L’armée du Duc Guillaume était totalement différente. Son corps d’élite était sa cavalerie (des chevaliers venant de tous les coins d’Europe mais pour la plupart de ce qui est actuellement la France). Ces chevaliers avaient quelques ressemblances avec ce monstre énorme qu’est Ivanhoé. Leurs armures ressemblaient à celle des Housecarles. Ils portaient le même casque conique de métal avec un protège-nez. Leurs cottes de mailles étaient identiques, bien que quelques illustrations montrent la cavalerie portant un haubert trois-quarts avec un capuchon en cotte de mailles au-dessus duquel est placé le casque. Les armes principales de la cavalerie étaient l’épée longue et la lance, bien que cette dernière ne semble pas avoir été utilisée comme arme de choc. Ils la lançaient plutôt comme un javelot avec probablement peu d‘effet. Quelques chevaliers utilisaient également une massue. Le bouclier était en général porté au-dessus de l’épaule. Les boucliers des Normands étaient plus légers que leurs équivalents Saxons, généralement en bois renforcé par du métal sur les bords. Les haches des Housecarles les brisaient facilement. Enfin, le cheval des chevaliers n’était pas un coursier géant. Il ressemblait à Clydesdale, mais était plutôt de la taille d’un poney. La selle était haute, devant et derrière, pour éviter les chutes et à cause de la relative petite taille du cheval, le chevalier montait avec les jambes droites comme s’il était debout sur ses étriers. Ce n’était pas la meilleure manière d’utiliser le binôme homme-cheval, comme on a pu s’en apercevoir à la suite des difficultés qu’eut la cavalerie de Guillaume à Hastings.

Les fantassins de Guillaume étaient presque des chevaliers sans chevaux avec leurs armures et leurs armements identiques. Ils avaient, toutefois, une épée comme arme principale. Leurs boucliers plutôt plus gros et meilleurs que ceux des chevaliers furent malgré tout inefficaces contre l’acier des Saxons.

Les archers de Guillaume n’étaient pas entraînés pour s’engager dans des combats au corps à corps. Comme ils étaient recrutés dans la paysannerie, ils portaient un simple capuchon et une tunique et parfois une armure. Leurs arcs étaient courts, environ 3 à 4 pieds de long, et ils tiraient à la poitrine. Bien que leur portée maximum fut de 150 yards, ils étaient rarement efficaces au-dessus de 100 yards. Leurs flèches à embout ferré étaient portées dans un carquois qui était enfoncé en terre lorsqu’ils commençaient à tirer. Après avoir épuisé leurs projectiles, la principale tâche des archers semblait être de ne pas se trouver sur le chemin de quiconque.

LES SCANDINAVES.

La force d’invasion d’Harald Hardraada était composée d’un groupe mélangé de Norvégiens, d’Islandais, d’Ecossais, de Flamands et même de Saxons ! Les éléments scandinaves étaient des fantassins similaires aux Housecarles surtout pour l’utilisation de leur lourde hache de guerre. Leurs casques étaient quelque peu fantaisistes, quelques-uns uns comportant une visière. Ils aimaient la même épée et le même javelot que les autres infanteries de l’époque bien que certains portaient également une courte hache. Le problème principal pour l’armée d’Hardraada à Stamford Bridge fut le temps chaud ajouté au fait que ses hommes n’étaient pas préparés à la bataille lorsque Harold les surprit. Beaucoup de fantassins scandinaves ne portaient aucune armure mais seulement des casques de cuir. Ceci ne les protégeait que très légèrement contre les Great Fyrds au combat et ne leur laissait aucune chance contre les Housecarles d’Harold.