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NICCOLO MACHIAVELLI

( 1469 - 1527 )

 
Machiavel naît en 1469. Il était d'origine petite bourgeoise, c'est-à-dire qu'il n'appartenait pas au "peuple gras" des Arts majeurs (textile, banque, juristes) Florence n'est alors une République que de nom sous le principat déguisé des Médicis. A 25 ans, il assiste à l'entrée de Charles VIII à Florence (1494) et voit l'exil des Médicis. Machiavel est contemporain de Savonarole, ce "prophète désarmé" prêchant une démocratie de type théocratique, qui tint la scène florentine de 1490 jusqu'à son exécution en 1498 (il tenta d'établir à Florence une Constitution à la fois théocratique et démocratique et fut brûlé comme hérétique).

Machiavel concourt en 1498 pour le poste de secrétaire à la chancellerie qu'il occupera jusqu'en 1512. Son efficacité est reconnue ; il accomplit plusieurs missions notamment en 1501 et 1502 auprès de César Borgia, dont on pouvait redouter les visées sur la Toscane, en France, à Rome et auprès de l'empereur Maximilien.
En 1502, est instauré à Florence un gouvernement populaire dirigé par un gonfalonier (sorte de président de la République à vie) : Soderini. Machiavel arrive à imposer ses idées militaires et il est chargé d'organiser une milice populaire. Il s'y consacre pendant plusieurs années.

1509 marque, avec la soumission de Pise, l'apogée du pouvoir de Soderini. La carrière de Machiavel s'écroule, avec la république, en 1512, avec la défaite du Prato : les Espagnols mettent la milice en déroute et dévastent la ville pendant trois semaines faisant 4 000 victimes (le tiers de la population). Machiavel est torturé puis exilé. Les Médicis reviennent au pouvoir. C'est à partir de 1512 que, en exil, Machiavel entreprend la rédaction du Prince qui, achevé dès 1513, ne sera publié qu'après la mort de son auteur.

Le grand secret de Nicolas Machiavel, c’est l’amour de l’Italie. Il a le rêve d’un libérateur, d’un rédempteur de l’Italie. C’est pour ça qu’il adore César Borgia, duc de la Romagna. L’amoralité dans l’œuvre de Machiavel est frappante et lui fera fameux.

Le contexte économique et social est issue de la Peste noire, de la Guerre de Cent ans, et de l’apparition de l’artillerie. La Réforme bouleverse l’Eglise ; elle commence avec les 95 thèses du moine bénédictin Martin Luther (1517). A Genève, c’est Calvin qui dirige la Réforme dès 1541 (conservatisme calvinien). Suite à la Saint Barthélémy (1572 ; 10'000 – 20'000 Huguenotes sont tués), les Monarchomaques (contre les Princes tyranniques) donnent aux Réformes une nouvelle orientation.

Florence est une des cités principales de la Renaissance. Les savants, mathématiciens et artistes y vivent. La ville est dominée par la famille des Médicis, mais pendant trois ans, le pouvoir reste chez Girolamo Savonarola, un prêtre réformateur qui règne dans une manière démocratique mais meurt comme martyr.

Machiavel vient d’une famille bourgeoise. Devient un haut-fonctionnaire : secrétaire de la seconde Chancellerie de la République florentine ; secrétaire à la disposition des Dix de Liberté et de Paix, chargée des missions étrangères.

Mais la République florentine est renversé, Machiavel – qui a réorganisé la défense sur la base de la conscription - torturé et envoyé en Exile, abandonné par les Médicis. Il tente sa réhabilitation, mais réussit seulement partiellement, chargé d’écrire une histoire de Florence. De conviction républicaine, il est quand même prêt à collaborer avec cet Etat de l’absolutisme monarchique venant du droit divin, parce que l’idée de servir l’Etat est plus importante pour lui que la forme de l’Etat. C’est également en exile ou il rédige " Le Prince "

Auteur du Prince, Niccolò Machiavelli, florentin et démocrate, dut faire face à la coalition du Pape, des Espagnols et des Vénitiens ligués pour restaurer le pouvoir ducal des Médicis, contre la fragile République de Florence. En faire le suppôt des tyrans et un prévaricateur de la politique, ainsi que le voient ses critiques moraux, c'est feindre de ne pas comprendre un texte dense et réfléchi, résultat d'une expérience vécue et de lectures approfondies, dont le legs qu'il nous fit nous amène à repenser la politique d'une façon plus lucide et, en même temps, à choisir non seulement la liberté, mais les efforts nécessaires pour la garder.
Machiavel conseille de ne se reposer en rien sur l'opinion (changeante, superficielle, de gens en général lâches et ingrats); il conseille donc de compter essentiellement sur la force et la ruse. Cependant, par ruse, pourquoi ne pas, en plus, manipuler l'opinion et se faire aimer de la foule, sans oublier qu'il est "plus sûr d'être craint que d'être aimé"? C'est tout l'art du bien paraître, avoir une bonne réputation, etc. (attention au contresens: il ne faut pas être ce qu'on paraît - du moins quand on gouverne).

Il montre régulièrement le prince devant une alternative : il y a toujours une bonne et une mauvaise solution. Le malheur veut que la bonne solution sur le plan moral soit souvent la mauvaise sur le plan politique et inversement. Il s'agit là d'une nécessité, à cause de la faiblesse et de la lâcheté du peuple.

Machiavel, on le sait, avait organisé la milice de la République de Florence et vit celle-ci fondre (par absentéisme) au moment essentiel alors qu'il fallait gagner du temps, pour attendre les troupes françaises, contre la coalition triple de Venise, de la Papauté et du Royaume de Naples et des Deux Siciles (alors lié à l'Espagne). Il vit aussi le Gonfalonier de la République hésiter à réprimer une émeute, puis supplier pour sauver sa vie une foule stipendiée par l'ennemi et avilie par la peur. Tel fut le contexte de l'entrée à Florence de Laurent II de Médicis, le prince transporté dans les bagages ennemis auquel Machiavel dédia Le Prince.

Tu peux sembler doux, fidèle, humain, religieux, loyal, et l'être même; mais il faut retenir ton âme en tel accord avec ton esprit qu'au besoin tu saches changer en sens contraire. Un prince, et surtout un prince nouveau, qui veut se maintenir, doit bien comprendre qu'il ne peut observer en tout ce qui fait regarder les hommes comme vertueux; puisque souvent, pour maintenir son état dans l'ordre, il est dans la nécessité d'agir contre sa foi, contre les vertus de charité et même contre sa religion. Son esprit doit être disposé à se tourner selon que les vents et les variations de la fortune l'exigent de lui.

 
CITATIONS :
Le droit et la force :

Il ne peut y avoir de bonnes lois sans de bonnes troupes, et où il y a de bonnes troupes, il y a de bonnes lois.

Il n'y a point de valeur à massacrer ses concitoyens et à livrer ses amis, à être sans foi, sans pitié, sans religion; tout cela peut faire arriver à la souveraineté.

Tous les prophètes armés ont triomphé et les prophètes sans armes succombèrent.

Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre [...] on se figure souvent des républiques et d'autres gouvernements qui n'ont jamais existé [...] un homme qui veut être parfaitement honnête au milieu de gens malhonnêtes ne peut manquer de périr tôt ou tard.

La nature humaine :

Je crois qu'il est plus sûr d'être craint que d'être aimé [...] les hommes sont généralement ingrats, changeants, dissimulés, timides et âpres au gain.

Le vulgaire se prend toujours aux apparences et ne juge que par l'événement [...] les hommes sont si simples et si faibles que celui qui veut tromper trouve toujours des dupes [...] le caractère des peuples est mobile, on les entraîne facilement vers une opinion, mais il est difficile de les y maintenir.

Le goût de la liberté
À propos des républiques conquises: "Le seul moyen de [les] conserver est de [les] mettre en ruines [car le souvenir de leur ancienne liberté ne leur laisse pas un instant de repos]. Ce nom de liberté ne sort jamais de leur coeur et de leur mémoire".