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1.Introduction
Les forteresses et les sièges jouent un très
grand rôle dans lhistoire des campagnes de Marlborough.
Années après années, lhistoire se répéta dans ses
grandes lignes. Larmée A mettait le siège devant une
forteresse ou une autre, larmée B, y envoyait les restants
dune colonne, une bataille suivait, larmée vaincue
se retirait et le siège était soit levé, soit poursuivi.
2. L'architecture
Le style darchitecture des forteresses et
les méthodes classiques de siège par sapes et tranchées
parallèles, gabions et fascines, sont caractéristiques de
lépoque. De tous les architectes, le premier est le
français Sébastien Le Prestre De Vauban.
Un fort à la Vauban est un ouvrage étendu
suivant des caractéristiques géométriques tracées à la
règle et au compas, et répondant à certaines techniques. Au
début, lespace à protéger (par exemple, une ville) est
entouré par un polygone régulier, en général un pentagone ou
un hexagone. Les coins de cette figure sont appelés soit des
sommets, soit des points saillants. La distance entre deux points
saillants sera très importante pour ce qui suit. Le standard
répandu est de 330 mètres.
On prend alors le milieu de la ligne entre deux
sommets et sur la perpendiculaire, on mesure 55 mètres à
lintérieur (cest à dire le sixième de la distance
entre sommets pour un hexagone et le septième pour un
pentagone). On joint le point obtenu aux saillants par des lignes
droites et on mesure sur celles-ci deux septièmes de leur
longueur. Ceci donne les contreforts du bastion. On répète
cette procédure sur tout le polygone pour obtenir la
fortification de base. On creuse en bas des remparts, on fait des
fossés et des douves tout autour de la ville. La mise deau
stagnante dans les fossés sera assez néfaste pour la santé des
habitants, aussi on déroute souvent une rivière pour alimenter
celles-ci dans les cas où cela est possible.

3. Le fonctionnement
Comment tout cela fonctionnait-il? Essayons de
décrire une journée au cours de laquelle un assaut est
effectué par des assiégeants. Lorsque les troupes approchent du
fossé, elles subiront des tirs de flancs venant de deux ou même
de trois directions à la fois, de la part des troupes bien
retranchées ne pouvant rien subir de la part des attaquants.
Naturellement, la défense ne fait que commencer.
Si les intentions des attaquants visent à traverser les fossés
pour donner lassaut aux remparts, le meilleur moyen de les
tromper est de les laisser perdre leur temps à la capture de
quelque chose dinutile qui aura été construit en plus à
lextérieur des remparts principaux. Ces défenses
supplémentaires peuvent être de formes et de tailles très
différentes, redoute, ravelin, tenaille, contre-garde,
demi-lunes, etc. Toutes peuvent être ajoutées aux
fortifications dans des limites souhaitées ou dans la limite des
crédits disponibles.
4. La forteresse de Lille
La campagne de 1708 tourna autour de ce qui est,
en général, reconnu pour le chef doeuvre de Vauban, la
forteresse de Lille. Une ligne de bastions entourait la ville et
les deux points les plus vulnérables, les portes de la ville,
furent protégés par ladjonction de deux demi-lunes alors
que létendue de terrain entre elles comportait deux
ravelins et une paire de tenaillons. La rivière Deule fut
utilisée pour fournir les besoins en eau à chaque ouvrage de
défense.
Après la chute de la ville, les défenseurs
durent refaire les ouvrages qui avaient souffert, alors
quun noyau restreint de défenseurs avait fait retraite
dans la citadelle, qui comportait presque plus de fortifications
que tout le reste de la ville.
On peut sétonner, à létude des
fortifications, que la ville tint du mois dAoût au mois de
Décembre.
On peut également se demander pourquoi la ville
finit par tomber. Cest que Vauban lui-même sétait
penché sur le problème. Ayant mis tout son art à défendre des
places fortes, il termina son oeuvre en écrivant un livre sur la
manière de prendre de telles places fortes.

5. La stratégie de l'attaquant
On devait commencer à environ 500 mètres des
fortifications ennemies en creusant une tranchée le long de ce
qui devait être pris dassaut. Celle-ci est nommée la
première parallèle. Il est essentiel quelle soit creusée
au cours dune seule nuit (toute personne qui serait visible
à laurore pourrait être abattue).
Au cours des jours suivants, cette parallèle
devait être élargie afin de la rendre plus confortable (les
assiégeants avaient à y vivre plusieurs semaines) et munies
demplacements dartillerie. Lorsque cela était fait,
les pièces dartillerie pouvaient canonner les remparts
tandis que le génie commençait à creuser des sapes plus en
avant. En général, les sapes étaient creusées de manière
zigzaguante, afin de ne pas offrir aux défenseurs la
possibilité deffectuer des tirs directs sur les
tranchées.
Lorsque les sapes couvraient 300 mètres
davancées, la deuxième parallèle pouvait être creusée
(de nouveau en une seule nuit). On amenait ensuite les canons à
leurs nouveaux emplacements et lon recommençait.
Lorsque la troisième parallèle était sur le
point dêtre creusée, il fallait que les batteries
dartillerie aient eut un effet certain, cest à dire
quelles aient pu ouvrir une brèche dans les remparts. La
troisième parallèle serait concentrée à cet endroit. Au cours
de la nuit choisie, elle serait remplie avec des troupes triées
sur le volet, épaule contre épaule, ayant un courage à toute
épreuve, pour être lâchées sur les remparts.
6. La personne humaine selon Marlborough
Des variations sur ce thème sont possibles. La
plus répandue étant que les troupes brûlent la place forte
après avoir violé les femmes, mais on ne sy arrêtera
pas. Lorsquune brèche a été ouverte et que la troisième
parallèle a été creusée, les défenseurs auront alors tout
fait pour entraver les assaillants. La garnison peut être
appelée à se rendre pour éviter les pertes en vies humaines
dans les deux camps et les honneurs de la guerre peuvent lui
être accordés. La garnison sortira alors, saluée par ses
adversaires, rendra ses armes et sen ira. Auparavant elle
aura probablement donné sa parole de ne plus combattre pour le
restant de la saison. Les blessés, parmi les défenseurs, seront
placés sous la responsabilité du commandant des attaquants.
Marlborough fut toujours très pointilleux à propos de la
personne humaine en ce qui concerne ce sujet.
Des défenseurs actifs essayeront dempêcher
le siège dès les premiers jours, en effectuant des sorties, par
exemple pour faire des raids sur la deuxième parallèle dans le
but de prendre des mousquets, de combler les tranchées et de
tuer autant de troupe du génie quils le peuvent. A
Tournai, en 1709, la terre meuble et lexpérience des
défenseurs mena à une variante de sapes et de contre-sapes
(percement dun tunnel sous une batterie assaillante, y
mettre des explosifs, allumer la mèche et se retirer
rapidement). Marlborough perdit 5 300 hommes à Tournai et
les français 3 000. Ces pertes, ajoutées à celles de
Malplaquet ensuite, la même année, amenèrent une furieuse
opposition des Tories dans la poursuite de la guerre. Deux ans
plus tard, elle se terminait.

7. La stratégie de Vauban
Vauban était tout à fait clair sur son point de
vue. Avec assez de temps, un assiégeant déterminé gagnerait
toujours. Ceci est probablement la cause de ce que les
défenseurs eurent presque toujours des propositions de
reddition. Le problème des forteresses est uniquement une
question de sursis, sursis jusquà larrivée de
lhiver ou jusquà larrivée dune colonne
de secours qui livrera bataille. De toute façon, quel que soit
le sursis, les assiégés finiront toujours par capituler.
En pratique, chaque siège de lépoque
suivit les descriptions de Vauban. Lexception qui confirme
la règle, fut le siège de Gibraltar. Les défenseurs eurent
sans arrêt accès par mer, pour amener du ravitaillement, aussi
ils ne purent être réduit à la famine. De plus, la nature du
terrain (Gibraltar nest quun immense rocher) ne put
permettre létablissement de tranchées. Une expédition
navale française essaya de bloquer efficacement le siège, mais
fut repoussée à la bataille de Marbella par la Royal Navy. Les
français levèrent alors le siège et reculèrent laissant
lEmpire Britannique inébranlé sur ses fondations.
8. La fin des civilités
Alors que les hommes sentre-tuèrent en
grand nombre, les conventions du XVIIe
siècle concernant les sièges tendirent à ce que ceux-ci se
déroulent dune manière aussi civilisée que possible. Au
temps des guerres napoléoniennes, lardeur révolutionnaire
mit un terme à ce genre dagrément. Le siège de Bajadoz
par Wellington, par exemple, se termina par un assaut
généralisé dont les horreurs restèrent proverbiales.
Daprès Jim Hind - Wargamer
n°61 ( Février 1987)